Dans le monde professionnel, toute structure est nécessaire hiérarchisée en vue d’atteindre ses objectifs en utilisant de façon appropriée les moyens se trouvant à sa disposition. Cela vaut pour la fonction publique comme pour le privé, mais cette première repose généralement sur des concours d’entrée ou internes, avec des procédures réglementairement figées, et sans nécessité de rentabilité. En toute logique, c’est donc dans la sphère de l’économie privée que les notions de gestion, de direction, d’encadrement puis de management sont nées. Au cours de sa carrière, le travailleur du privé aura sans doute l’occasion de devenir cadre ou manager : comment envisager sa prise de fonction, ou celle de son salarié, lors d’une telle promotion ? C’est ce que nous allons tâcher de voir, car manager une équipe pour la première fois n’est généralement une qualité innée.
Gestion ou management… ?
Caractérisée par l’infobésité, notre époque répète inlassablement et à grande échelle certains mots, brandis en guise de refrains ou de mantras. Souvent, ces termes ont tendance à perdre de leur consistance à force d’être employés, tandis que leur signification se brouille dans l’esprit des individus. Le mot management – avec ses dérivés : manager, etc. – n’échappe malheureusement pas à cette règle. On le voit partout : dans la presse, sur les campus, dans les entreprises, à la télé… Il est comme sur toutes les bouches, mais ce ne fut pas toujours le cas. La littérature a pu, soit dit en passant, identifier et se moquer de la multiplication des managers : un romancier disait que dans les entreprises des métropoles tout le monde (ou presque) était aujourd’hui un « manager », d’après l’intitulé des postes, même en ayant aucune équipe à charge !
Il y a encore quelques décennies, voire années, de nombreuses PME et quelques structures professionnelles plus grandes parlaient plutôt de « direction » autour d’un directeur, ou bien d’« encadrement » comme peut bien le supposer le terme même de cadres. « Gestion » serait enfin la dernière expression bien française, corrélée au verbe gérer, avant l’avènement du management.
Qu’est-ce que le management ?
Mais qu’est-ce donc que le management ? D’où vient-il ? Que suppose-t-il ?
Commençons par scruter l’étymologie. Le terme provient du verbe italien maneggiare (lui-même issu, sans surprise, du latin). En France, on l’appliquait au XVIIIe siècle à la gestion de la ferme et au « ménagement » des animaux domestiques (c’est de la même famille lexicale que ménager ou manège). Il faut attendre la révolution industrielle et le siècle suivant pour voir le management en tant que tel apparaître, principalement dans les pays anglo-saxons.
Le management vient d’abord du monde de l’industrie, avant de s’être étendu à presque toutes les sphères de l’économie et de la société. Il se caractérise par sa mentalité de maîtrise de tous les processus de production et il applique au travail un esprit de progrès et de science systématique. Les normes (les « process ») ont ainsi tendance à remplacer les hommes dans le commandement. Le rendement devient alors la priorité, avant la rentabilité. Tout est optimisé au moyen d’organisation. Taylor, puis Ford et tous les ingénieurs sociaux considérant les hommes comme une matière (cf. les « ressources humaines ») ont perfectionné ce mode de gestion hérité de penseurs tels que Saint-Simon.
Se préparer à être manager pour la première fois
Manager une équipe n’est donc pas chose facile. On aura tout intérêt à se former (ou à former son employé qui s’apprête à ou est en train de devenir manager) auprès d’un établissement spécialisé.
Managers et non managers, retraités et actifs, actionnaires et autres peuvent en témoigner : le bon management est essentiel pour le succès d’une entreprise à tous les niveaux, mais le mauvais management est monnaie courante. Ce dernier a tendance à accentuer des présupposés anthropologiques biaisés, ce qui entraîne bien souvent le ravalement du subordonné au rôle de simple adjoint de la machine, la parcellisation des tâches, la perte du sens du travail, le mal-être professionnel, le burn-out, un manque à gagner au niveau des résultats, de la pression, etc.
Un bon cadre (ou manager, si vous préférez) a toujours quelques prédispositions, des qualités innées, humaines et intellectuelles notamment. Cela ne suffit cependant pas : à lui de les développer. Il existe toujours un risque, qui pullule tous les jours dans l’univers professionnel : copier de mauvaises recettes ou des modèles dysfonctionnels. Gardez au contraire dans tous les cas votre fraîcheur, votre intégrité et votre personnalité !