La transition écologique et son impact sur l’économie mondiale

30 mai 2025

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Face à l’urgence climatique, la transition écologique s’impose comme l’un des grands défis du XXIe siècle. Si ses implications environnementales sont largement reconnues, ses répercussions économiques le sont parfois moins. Pourtant, cette mutation en profondeur des systèmes de production et de consommation impacte déjà la croissance, les marchés de l’emploi, les investissements et les politiques publiques.

À travers un prisme économique, cet article décrypte les effets mesurables de la transition écologique à l’échelle mondiale.

 

Une croissance mondiale en mutation

La croissance mondiale est aujourd’hui confrontée à une double contrainte : assurer un développement économique soutenable tout en respectant les limites planétaires. Selon les prévisions du Fonds monétaire international (FMI), la croissance mondiale devrait se maintenir à 3,2 % en 2024 et en 2025, un niveau identique à celui de 2023. Ce chiffre masque toutefois des disparités géographiques et sectorielles importantes. Les économies avancées connaissent une reprise lente, tandis que les pays émergents sont davantage confrontés aux effets du changement climatique, notamment en matière de sécurité alimentaire, d’accès à l’eau ou de phénomènes climatiques extrêmes.

L’OCDE souligne également que la croissance à long terme dépendra de la capacité des États à opérer une transition énergétique ordonnée. En effet, les économies les plus résilientes seront celles qui auront su anticiper et accompagner les transformations nécessaires pour atteindre la neutralité carbone.

 

une pousse dans les mains d'une femme

 

L’essor des énergies renouvelables : un basculement structurel

Le secteur de l’énergie illustre parfaitement cette transformation. En 2023, pour la première fois, les investissements mondiaux dans le solaire ont dépassé ceux consacrés au pétrole. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), 382 milliards de dollars ont été investis dans l’énergie solaire, contre 371 milliards dans l’exploitation pétrolière. Ce basculement traduit une réallocation des capitaux vers les énergies bas carbone.

La Chine est aujourd’hui le moteur principal de cette dynamique. En 2022, elle a investi près de 540 milliards de dollars dans les technologies vertes (solaire, éolien, batteries, véhicules électriques), selon BloombergNEF. En comparaison, l’Union européenne y a consacré 180 milliards de dollars et les États-Unis 145 milliards. Cette compétition pour le leadership technologique et industriel dans la transition énergétique devient un enjeu stratégique majeur pour les puissances économiques.

 

Emploi : entre destruction et création

La transition écologique n’est pas sans effet sur l’emploi. Elle engendre une double dynamique : la disparition de certains métiers liés aux énergies fossiles et l’émergence de nouveaux emplois dans les filières vertes. Selon le Forum économique mondial, 395 millions d’emplois pourraient être créés dans les secteurs de la transition d’ici 2030, notamment dans la rénovation énergétique, la mobilité propre, l’agriculture durable ou l’économie circulaire.

En France, le ministère de la Transition écologique estime que la mise en œuvre de la stratégie nationale bas-carbone (SNBC) pourrait générer entre 300 000 et 500 000 emplois d’ici 2030, sous réserve d’une montée en compétences des travailleurs. Les reconversions professionnelles seront donc cruciales. Des dispositifs publics, comme le plan France Relance ou le Fonds vert, visent justement à soutenir cette mutation du marché du travail.

 

Coût de l’inaction climatique

À l’inverse, ne pas agir aurait un coût économique colossal. Une étude parue dans la revue Nature en 2023 estime que le changement climatique pourrait entraîner une perte annuelle équivalente à 19 % du PIB mondial d’ici 2050, soit 38 000 milliards de dollars. Ces pertes proviendraient de l’augmentation des catastrophes naturelles, de la réduction des rendements agricoles, des coûts sanitaires liés à la pollution et du stress hydrique.

Le rapport The Economics of Climate Change de l’Université de Cambridge souligne qu’une politique climatique ambitieuse permettrait de limiter ces pertes à moins de 5 % du PIB, tout en stimulant l’innovation et l’activité économique verte. Le message est clair : l’investissement dans la transition écologique n’est pas seulement un impératif moral ou environnemental, mais une nécessité économique.

 

 

Fiscalité carbone et politiques publiques : leviers d’action

La fiscalité est un outil essentiel pour orienter les comportements et favoriser la transition. En France, 71 % des émissions de gaz à effet de serre sont aujourd’hui soumises à un prix explicite du carbone (via la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques – TICPE, ou le système européen d’échange de quotas d’émission – EU ETS). Toutefois, le Conseil des prélèvements obligatoires estime que ce niveau de tarification reste insuffisant pour respecter les objectifs climatiques fixés par l’Accord de Paris.

L’introduction d’un signal-prix plus fort, accompagné de mesures sociales pour préserver le pouvoir d’achat des ménages modestes, fait partie des recommandations prioritaires du Haut Conseil pour le climat. D’autres outils, comme le crédit d’impôt pour la rénovation énergétique, les certificats d’économie d’énergie ou les appels d’offres pour les énergies renouvelables, contribuent également à accélérer la transition.

 

Une recomposition géoéconomique

Au-delà de ses effets internes, la transition écologique modifie aussi les rapports de force internationaux. Les pays disposant des ressources nécessaires à la fabrication des technologies vertes (lithium, cobalt, nickel) ou ayant pris de l’avance dans les innovations bas-carbone (panneaux solaires, hydrogène, batteries) pourraient voir leur position géopolitique renforcée.

L’Union européenne, à travers son Pacte vert pour l’Europe, ambitionne de devenir le premier continent neutre en carbone d’ici 2050. Pour cela, elle mise sur une politique industrielle intégrée et des mécanismes comme le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF), qui vise à préserver la compétitivité des entreprises européennes face à des concurrents moins vertueux.

 

Conclusion : une transition incontournable

La transition écologique est loin d’être un simple ajustement. Elle constitue un véritable changement de paradigme économique. Son succès dépendra de la capacité des gouvernements, des entreprises et des citoyens à coopérer pour concilier impératifs environnementaux et stabilité économique.

Loin d’être une entrave à la croissance, cette mutation offre des opportunités inédites d’innovation, de création d’emplois et de résilience économique. Mais pour en tirer pleinement parti, elle nécessite une vision de long terme, des choix politiques courageux et une mobilisation collective sans précédent.

 

Sources :

  • FMI – Perspectives de l’économie mondiale : https://www.imf.org/en/Publications/WEO
  • OCDE – Perspectives économiques : https://www.oecd.org/fr/publications
  • AIE – World Energy Investment 2024 : https://www.iea.org/reports/world-energy-investment-2024
  • Ministère de la Transition écologique – Chiffres clés du climat 2024 : https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr
  • Haut Conseil pour le climat – Rapport annuel 2023 : https://www.hautconseilclimat.fr

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