La location de courte durée via des plateformes comme Airbnb s’est largement démocratisée en France. D’après l’INSEE, plus de 800 000 logements sont proposés en meublés de tourisme sur le territoire, et la majorité transite par des plateformes numériques. Si cette activité peut représenter un revenu complémentaire intéressant, elle n’échappe pas aux obligations fiscales. Déclarer correctement ses revenus est donc indispensable pour éviter les redressements.
Mais comment s’y prendre concrètement, et surtout, où déclarer ces recettes ?
Comprendre la nature des revenus Airbnb
Les revenus générés par une location Airbnb relèvent de la catégorie des Bénéfices Industriels et Commerciaux (BIC). Contrairement à une location nue, qui entre dans les revenus fonciers, le meublé est assimilé à une activité commerciale. Cette distinction entraîne des obligations particulières, notamment au niveau de la déclaration fiscale et sociale.
Il convient de distinguer deux situations :
- La location occasionnelle d’une résidence principale ou secondaire, souvent par des particuliers.
- La mise en location régulière, qui s’apparente à une véritable activité professionnelle.
Dans les deux cas, les recettes doivent être déclarées à l’administration fiscale, mais le régime applicable et les obligations diffèrent.
Découvrir notre article : Airbnb : comment éviter les arnaques et optimiser la gestion de vos locations ?
Où déclarer ses revenus Airbnb ?
Les revenus issus d’Airbnb se déclarent lors de la déclaration annuelle des revenus. Le processus se fait en ligne, via le site officiel des impôts. Les cases à remplir dépendent du régime choisi :
- Pour le micro-BIC, les recettes sont à indiquer dans la déclaration complémentaire de revenus (formulaire 2042 C PRO), dans la rubrique « Revenus industriels et commerciaux – régime micro ».
- Pour le régime réel, le bailleur doit remplir une déclaration professionnelle (formulaire 2031 et annexes), souvent avec l’aide d’un expert-comptable.
À noter que depuis 2019, les plateformes comme Airbnb transmettent automatiquement les revenus perçus à l’administration fiscale. Cela permet un meilleur contrôle, mais impose aussi aux bailleurs d’être rigoureux dans leur déclaration.
Les régimes fiscaux applicables
Le micro-BIC
C’est le régime le plus courant pour les particuliers qui perçoivent des revenus complémentaires. Il s’applique si les recettes annuelles ne dépassent pas 77 700 € (plafond 2025 pour les locations meublées classiques). Le bailleur bénéficie alors d’un abattement forfaitaire de 50 %, censé couvrir l’ensemble des charges.
Pour les meublés de tourisme classés, le plafond est relevé à 188 700 €, avec un abattement de 71 %. Ce dispositif est avantageux pour les propriétaires qui louent régulièrement dans des zones touristiques.
Le régime réel
Si les recettes dépassent ces seuils, ou si le bailleur souhaite optimiser sa fiscalité, le régime réel s’impose. Dans ce cas, il est possible de déduire les charges réelles (frais d’entretien, intérêts d’emprunt, travaux, assurances, amortissements). Bien que plus complexe, ce régime peut réduire considérablement l’imposition, notamment pour les investisseurs ayant des charges importantes.
L’imposition sociale des revenus Airbnb
Outre l’impôt sur le revenu, les gains issus d’Airbnb sont soumis aux prélèvements sociaux (17,2 %). Toutefois, lorsque l’activité est exercée de manière habituelle et professionnelle, le bailleur relève du régime des travailleurs indépendants et doit cotiser à l’URSSAF.
Ainsi, au-delà de 23 000 € de recettes annuelles, si l’activité constitue l’essentiel des revenus du foyer, le loueur est considéré comme un Loueur en Meublé Professionnel (LMP). Dans ce cas, l’affiliation à la Sécurité sociale des indépendants devient obligatoire, avec des cotisations plus élevées mais aussi une meilleure couverture sociale.
Les obligations déclaratives spécifiques
L’enregistrement en mairie
Certaines communes, notamment les grandes villes comme Paris, Lyon ou Bordeaux, imposent une déclaration préalable en mairie pour toute location meublée de courte durée. Un numéro d’enregistrement doit alors être indiqué dans les annonces Airbnb. Le non-respect de cette obligation peut entraîner des sanctions financières importantes.
La limitation des locations
Dans les villes tendues, la location d’une résidence principale est limitée à 120 jours par an. Au-delà, le logement est considéré comme une résidence secondaire, ce qui change le cadre fiscal et réglementaire.
Les risques en cas de non-déclaration
Ignorer ses obligations fiscales peut coûter cher. L’administration fiscale dispose désormais des informations transmises directement par Airbnb. En cas d’omission volontaire, le contribuable s’expose à :
- Un redressement fiscal avec rappel d’impôts.
- Des majorations pouvant aller jusqu’à 80 % en cas de fraude avérée.
- Le paiement des cotisations sociales non versées.
La régularisation volontaire reste toutefois possible. L’administration peut alors appliquer des pénalités réduites, surtout si la déclaration intervient spontanément.
Conseils pour optimiser la déclaration
- Conservez toutes vos factures (travaux, mobilier, charges de copropriété) pour justifier vos dépenses si vous optez pour le régime réel.
- Étudiez l’opportunité de demander le classement « meublé de tourisme » afin de bénéficier d’un abattement fiscal plus favorable.
- Si vos revenus dépassent les seuils ou que vous multipliez les biens loués, envisagez un accompagnement par un expert-comptable pour optimiser la fiscalité.
![]()
Airbnb et fiscalité locale
Au-delà de l’impôt national, il ne faut pas oublier la taxe de séjour, collectée par les plateformes dans la majorité des communes. Celle-ci est reversée aux collectivités locales et s’ajoute au coût pour le voyageur. Pour le bailleur, c’est une démarche simplifiée car Airbnb collecte et reverse automatiquement la taxe dans la plupart des cas.
Une fiscalité de plus en plus encadrée
La fiscalité des revenus Airbnb s’est considérablement renforcée ces dernières années. La volonté du législateur est claire : éviter la concurrence déloyale avec l’hôtellerie traditionnelle et assurer une équité fiscale entre tous les acteurs. Entre l’échange automatique d’informations, la limitation des locations et les obligations sociales, l’activité tend vers une professionnalisation croissante.
Conclusion
Louer via Airbnb reste une opportunité intéressante pour compléter ses revenus ou rentabiliser un bien immobilier. Mais cette activité suppose de respecter un cadre fiscal et réglementaire de plus en plus strict. Déclarer correctement ses revenus locatifs est non seulement une obligation, mais aussi une façon d’optimiser sa situation en choisissant le régime adapté. Que vous soyez particulier occasionnel ou investisseur régulier, l’anticipation et la bonne compréhension des règles demeurent vos meilleurs atouts.
Sources officielles
- INSEE
- service-public.fr
- urssaf.fr
- impots.gouv.fr
- gouvernement.fr
Pour aller plus loin :